Dans cet atelier, on crée les costumes de Disneyland Paris depuis trente ans.

Bas et Hauts, à Paris, a vu évoluer les spectacles du parc d’attractions. Pour le nouveau, sur Pixar, qui commence le 15 juillet, les petites mains ont relevé un vrai challenge. Plongée dans l’envers du décor.
Marie Briand-Locu
LAURA ne peut réprimer un rire en repensant à l’allure des premiers costumes du parc Disneyland Paris. « Au début, cela nous arrivait d’accrocher des guirlandes aux tenues », s’amuse la directrice de l’atelier Bas et Hauts. Elle rit aussi en se souvenant d’une « ceinture de cloche en résine qui pesait lourd ». La dynamique sexagénaire mime avec humour l’attitude que devait avoir l’artiste à l’intérieur : marcher droit comme un i… sans bouger le reste du corps !
Cette époque paraît lointaine. Car désormais, les costumes du parc d’attractions frappent par leur audace. Depuis 1992, cet atelier parisien, situé rue Saint-Honoré à Paris (1er), collabore avec Disneyland Paris (Seine-et-Marne) pour les costumes. Il vient d’en réaliser — dans un délai record — 120 pour sa dernière représentation « Together : Une aventure musicale Pixar » qui démarre le 15 juillet au sein du parc.
Dans les locaux, une dizaine de salariés sont penchés sur des tissus. On y retrouve aussi Isabelle, la costumière dessinée de Disneyland Paris, aux côtés d’Éloïse et Margaux, respectivement « costumière production et assistante de production pour Bas et Hauts. Leurs robes noires contrastent avec les couleurs chatoyantes des créations. Souvent, les regards sont tournés sur un écran : il faut dire qu’Isabelle et Laura travaillent ensemble depuis plus de vingt ans.**
Car si Disneyland Paris dispose de son propre atelier composé d’une cinquantaine de personnes, ce n’est pas suffisant pour satisfaire les besoins. En moyenne, cinq spectacles sont programmés par jour au sein du parc. « Or, il n’y a que deux ateliers spécialisés en France », relève la costumière designer.
Des modèles plus légers, dessinés sur ordinateur
Aujourd’hui, Disneyland Paris collabore avec 2 800 fournisseurs français, dont plus de 1 200 en Île-de-France. Pour répondre à l’une des plus grosses commandes du parc d’attractions, Bas et Hauts a été mobilisé sur toutes les étapes de la fabrication. « Il faut être prêt à tout faire », souffle Laura. Cela va de l’assemblage à la création de patrons en passant par l’élaboration. En réalité, la demande est telle que tous les ateliers parisiens spécialisés en costumes se mettent à produire pour Disneyland Paris. « C’était une chance pour nous », admet-elle.
En 1998, le parc est attiré par l’affût de fournisseurs pour sa parade de « Notre-Dame de Paris ». Bas et Hauts se met à confectionner des créations grotesques. À cette époque, l’équipe de cinq personnes pouvait tout atteindre aujourd’hui une dizaine de salariés sans compter les intermittents.
Isabelle nous montre des esquisses sur papier réalisées dès années 1990. Un dessin délicat représente une robe rose à volants. « Maintenant, c’est sur ordinateur, précise l’élégante dessinatrice de 56 ans. Avant, on oubliait trop d’informations sur les patrons. »
Désormais, les modèles sont aussi plus innovants. À ses débuts, la spécialiste se rappelle avoir été impressionnée avec « des tenues de 12 m ». Laura, à elle, garde en mémoire les robes de la princesse « transformées en cloche ». « Aujourd’hui, nous évitons de s’en fiait (sic) : on a besoin de tenues plus pratiques, car les artistes sont debout toute la journée. »
« Tout le monde a réalisé que si on voulait garantir le succès des spectacles, il fallait les ménager », résument-elles. Les costumes sont donc désormais plus légers avec « des matières respirables » comme le lycra. « Depuis deux ans, on privilégie aussi le recyclage », ajoute Isabelle.
La dernière représentation « Pixar » retrace l’histoire d’un garçon où les jouets de Toy Story s’animent. Mais les dessins s’inspirent aussi d’animations connues comme « Nemo ». Avec ce média, Laura accepte de mettre un chapeau en forme de méduses sur un torse. « De toute façon, on n’ose jamais dire non, nous ! » rapporte-t-elle en riant.

